Terminé en avril 2008.
Les villageois de Siba avaient creusé eux-mêmes un puits traditionnel en contrebas du village. Ce puits n’est pas maçonné et l’eau qui en provient a un mauvais goût qui la rend impropre à la consommation. Tout au long de l’année, femmes et enfants allaient donc chercher l’eau potable au puits d’un village voisin, Cynda, qui se trouve à un kilomètre et demi de Siba. Chaque famille a besoin de quatre seaux environ pour sa consommation quotidienne et ce sont donc douze kilomètres qu’il fallait parcourir chaque jour pour les obtenir. Par ailleurs, le puits traditionnel de Siba est peu profond : il fournissait de moins en moins d’eau au fil de la saison sèche et tarissait complètement en mars. Les villageois devaient alors s’approvisionner, pour tous leurs besoins en eau, au puits de Cynda.
Un puits à grand diamètre, financé par notre association (15 259,08 €), a été creusé au cours du premier semestre 2008. Les raisons que nous venons d’évoquer ont bien sûr joué un rôle important dans notre décision d’aider les villageois à réaliser ce puits. Mais d’autres facteurs sont intervenus.
Il existe en effet à Siba une association qui regroupe toutes les femmes mariées du village. Cette association a cultivé pendant trois ans des jardins maraîchers. Le travail était collectif et l’argent obtenu par la vente des légumes récoltés (ail, oignons, tomates, aubergines…) a permis la création d’une caisse utilisée pour des petits prêts aux membres de l’association. Les femmes avaient dû arrêter cette culture à cause du manque d’eau. La construction du nouveau puits leur a permis de reprendre l’exploitation de la parcelle collective et l’association projette plusieurs investissements avec l’argent qui sera gagné. La priorité sera donnée à l’achat d’un moulin à mil. Les femmes se verront ainsi soulagées de la tâche épuisante du pilage du mil à laquelle elles consacrent plusieurs heures chaque jour. Le second projet des femmes est la construction d’une salle d’accouchement (il y a une matrone traditionnelle à Siba). Elles envisagent aussi l’achat d’une motopompe pour l’irrigation des jardins maraîchers.
Le nouveau puits a également bénéficié aux hommes qui sont nombreux à pratiquer le jardinage, mais sur des parcelles individuelles. La profondeur du puits (10 mètres) assure une quantité d’eau suffisante pour, d’une part, satisfaire les besoins domestiques et, d’autre part, permettre l’irrigation des jardins des femmes aussi bien que des hommes.
Siba fait partie, avec Ewéry et Almina, des trois villages les plus anciens de la région de Douentza. Ces villages ont des relations privilégiées : ils se concertent et s’informent chaque fois qu’un événement marque la vie de l’un d’entre eux. « Villages Dogons » a financé un puits à Ewéry en 2002, l’association « Solid’eau Mali » a financé en 2005 un puits pour Almina. Tout le monde là-bas a donc considéré donc comme normal qu’un puits soit financé à Siba. Aucune jalousie n’était à craindre de la part des villages avoisinants.
Puits de Siba
Prises de vue et montage : Serge FOURNY