Réalisations
Villages Dogons a déjà vingt-deux réalisations à son actif
Depuis bientôt dix ans, la situation au Mali s’aggrave : villages incendiés, massacres, vols de bétail, attentats, l’insécurité est maintenant totale dans une grande partie du pays. Contrairement à ce que l’on entend souvent dire dans les médias, cette violence ne provient pas d’abord de conflits interethniques. Elle est causée par le banditisme, la criminalité organisée (trafics internationaux d’armes et de drogue), le terrorisme, les milices, des mercenaires. La passivité de l’État et de l’armée malienne, l’inefficacité de la Minusma et de l’armée française sont dénoncées par beaucoup de Maliens.
De nombreux habitants (dogons, peuls, sonrhaïs …) se voient ainsi contraints de quitter leur village. Au nord du Mali, des dizaines de milliers de personnes se sont réfugiées en Mauritanie. Au Pays Dogon, des milliers de villageois ont fui les violences et se sont installés à Douentza, à Mopti et jusqu’à Bamako, pourtant distante de 800 km.
Leurs conditions de vie sont bien sûr des plus précaires. Notre ami Baba, que nous connaissons depuis notre premier voyage au Mali en 2002, nous a téléphoné début juin dernier. Il nous a expliqué qu’il essayait de venir en aide, avec d’autres habitants de son quartier, à des familles qui s’étaient installées près de chez lui. Il ne nous a rien demandé mais nous avons compris que notre aide serait la bienvenue.
Nous avons contacté adhérents et sympathisants le 11 juin dernier. 58 d’entre eux ont fait un don et nous avons pu faire trois envois à Baba de 1 000 € le 14 juin, 2 000 € le 21 juin et 1 500 € le 9 juillet. La première distribution du 17 juin a permis de répartir une tonne de riz, de l’huile et 62 nattes entre 11 familles représentant 164 personnes. Cinq blessés hospitalisés à Mopti ont reçu chacun 20 000 FCFA (environ 30 €).
Il n’y a pas de Sécurité Sociale au Mali et l’État ne prend pas en charge leurs frais d’hospitalisation….
Une deuxième distribution de deux tonnes de riz, d’huile et de lait a été faite le 21 juin. De l’argent a également été donné à d’autres blessés. 29 familles représentant 258 personnes ont bénéficié de cette distribution.
Enfin, le 5 août, 4 tonnes de riz et 240 litres d’huile ont été répartis entre 258 personnes. Bien entendu ces trois distributions ont été faites sans distinction d’ethnie.
L’insécurité alimentaire s’ajoute à l’insécurité physique pour les personnes qui restent dans les villages. La dernière récolte de mil faite à la fin de l’année dernière n’est pas suffisante et la période de soudure va être extrêmement difficile. En effet, les champs n’ont pas pu être cultivés normalement à cause de la violence qui sévit partout : des villageois ont été tués alors qu’ils étaient en train de travailler dans leur champ.
Lors du conseil d’administration de notre association du 5 novembre 2018, il a été décidé d’acheter 10 tonnes de mil pour soutenir trois des villages où nous avons financé un puits dans le passé et dont nous connaissons les difficultés : Siba, Bom et Guénébana.
La multinationale ALUFER prépare depuis plusieurs années l’extraction de la bauxite avec le projet Bel Air Mining situé dans la préfecture de Boffa, à 150 km au nord de Conakry et 15 km de la côte du Golfe de Guinée. La première phase prévoit l’extraction de plus de 5 millions de tonnes de bauxite par an. L’exploitation vient de commencer. L’inquiétude des habitants de Dakhagbé est grande. Ils craignent en effet que ce projet minier cause la mort de leur village. Une partie de leurs terres cultivables et de leurs arbres fruitiers sont en effet accaparés par ALUFER qui leur a accordé une indemnisation dérisoire de 522 000 000 francs guinéens (environ 50 000 euros), soit 40 euros par habitant
Les villageois redoutent également la pollution de leur eau et la destruction de leur environnement. Ils savent ce qui se passe actuellement à Boké, à quelques dizaines de kilomètres de leur village, où l’extraction de la bauxite et le va et vient incessant d’énormes camions-bennes dispersent la poussière de bauxite dans les champs et les cours d’eau. Les nuisances et les problèmes occasionnés par l’exploitation de la bauxite autour de cette ville sont d’ailleurs à l’origine de manifestations qui ont causé plusieurs morts et des dizaines de blessés.
Lors de notre assemblée générale de 2015, une subvention de notre association d'un montant de 3 000 € avait été votée en faveur de l’association ADD (Association pour le Développement de Dakhagbé). Cette aide avait permis à ADD de réaliser en décembre 2016 un forage dans le village de Dakhagbé en Guinée Conakry.
Lors de notre AG de septembre 2017, Aminata CAMARA, présidente de ADD, nous a demandé de soutenir Dakhagbé dans sa lutte contre ALUFER. Cette multinationale, dont le siège social se trouve dans le paradis fiscal de Guernesey, a obtenu du gouvernement guinéen une concession de 15 ans pour l’extraction de la bauxite sur une large zone incluant de nombreux villages, dont Dakhagbé. Les habitants de ce village se voyaient proposer une indemnisation dérisoire de 52 000 euros pour les terres cultivables dont ils étaient spoliés. Et ils craignent bien sûr la pollution de l’eau et de l’air générée par l’exploitation de la mine à quelques centaines de mètres de leur village.
Nous nous sommes rendus deux fois sur place. Le premier séjour début novembre 2017 a permis de rencontrer les villageois, des représentants d’une ONG correspondante de l’association française CCFD-Terre Solidaire et de contacter le Ministère des mines et de la géologie.
Le second voyage du 16 au 24 mars 2018 a notamment été l’occasion d’un rendez-vous de plus de 3 heures organisé par la Préfète de Boffa dans son bureau avec des représentants d’ALUFER. Cette rencontre a permis l’ouverture d’un dialogue et de négociations avec cette multinationale. Des résultats ont été obtenus mais ils restent, pour l’instant, insuffisants.
Terminé en mai 2017
Le village de Soki disposait d’un forage au débit très insuffisant et qui tombait souvent en panne.
>Les travaux d'un puits à grand diamètre ont commencé en juin 2012. Les villageois se sont montrés très concernés, désignant chaque jour, même durant l’hivernage, huit d’entre eux pour participer aux travaux. Ils ont progressé lentement car la roche est très dure et les explosions de dynamite ne devaient pas être trop puissantes. En effet, le chantier est situé à proximité d’habitations et des cailloux projetés au loin par une explosion trop forte pourraient, en retombant, tuer ou blesser gravement des villageois. Quinze mètres ont été creusés entre juin 2012 et juin 2013. Il a ensuite fallu attendre plusieurs mois après la fin de la saison des pluies pour que le niveau de l'eau descende et que les travaux puissent reprendre. Cinq mètres ont été creusés au cours de l’exercice 2013-2014, onze mètres en 2015 et quatre mètres en 2016. Le creusement du puits de Soki s'est terminé en 2017.
30 397 euros ont déjà été dépensés au total. Il s’agit du chantier le plus long depuis la création de notre association. Une roche particulièrement dure, la présence permanente d’eau au fond du puits, des problèmes de compresseur expliquent la durée des travaux.
Terminé en juin 2018
Le projet voté lors de notre assemblée générale de septembre 2015 est l’aménagement d’une piste carrossable partant de la dune de Koumbé au pied de la falaise pour arriver aux villages de Panga situés à une dizaine de kilomètres sur le plateau dogon. Les habitants des villages concernés travaillent depuis une vingtaine d'années à la réalisation de cette piste qui est d'une grande importance pour le développement économique de la zone. Depuis 2003, ils nous ont demandé notre aide à maintes reprises mais, considérant que l'ampleur du projet dépassait nos moyens, nous avions refusé. Ils ont continué, seuls, travaillant plusieurs mois chaque année à la construction de cette piste. En 2015, Moussa a pu gravir la dune avec son Toyota 4 x 4, mais il a constaté que certains passages n'étaient par franchissables par son véhicule. Pour terminer la piste il restait des obstacles que les moyens techniques des villageois ne leur permettaient pas de résoudre. C'est dans un contexte que notre association a décidé de donner le coup de pouce final.
Depuis 2015, une centaine d’habitants des différents villages concernés ont travaillé chaque année pendant plusieurs mois sur le chantier après la récolte. Hommes et femmes transportent sur leur tête le sable et le gravier, nécessaires à la préparation du béton, qu’ils vont extraire dans les environs. Il faut aussi faire monter la falaise aux sacs de ciment et aux fers qui sont entreposés en bas. Plusieurs ouvriers qualifiés (maçons et ferrailleurs) s’activent également sur le chantier.
Les travaux ont duré trois ans et ils se sont terminés en juin dernier. Le coût total de 44 737,69 euros aura servi à acheter plus de 50 tonnes de ciment, des dizaines de cartons de dynamite, des centaines de fers …etc.
Cette piste est la seule piste carrossable, sur une étendue de plusieurs dizaines de kilomètres de falaises, qui permet d’accéder au plateau dogon depuis la plaine. Sa réalisation devrait permettre de développer l’économie, notamment avec le maraîchage, des villages du plateau qui pourront l’utiliser.
Terminé en juin 2015
Le village de KOIRA BERI (3 000 habitants) bénéficiait jusqu'en 2010 :
- d'un forage dont la pompe connectée à des panneaux solaires permettait de maintenir une citerne remplie d'eau.
Grâce à un système de canalisations, cette citerne irriguait des jardins maraîchers et alimentait le village en eau;
- d'un puits à grand diamètre qui alimentait la population en eau potable.
Construit avec des matériaux de mauvaise qualité, le puits à grand diamètre s'est effondré en août 2010.
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Les travaux de creusement d’un nouveau puits ont commencé en mai 2014 et se sont terminés fin juin 2015 à une profondeur de 24,70 mètres, suffisante pour approvisionner les 3 000 habitants du village en eau potable et pour contribuer à l’irrigation des jardins maraîchers proches. Le coût total est de 23 179,87 euros (15 205 000 FCFA), conforme au devis
Ce puits a été financé par une subvention de 10 000 euros de la Fondation Lemarchand, une subvention de 4 500 euros de la Ville de Montmagny et les fonds propres de notre association (8 679,87 euros).
Terminé en mai 2012
Gamni est un village dogon très ancien situé au sommet d’une colline pierreuse et surplombé par une immense falaise de plusieurs centaines de mètres de hauteur. Au dernier recensement, il comptait 1 098 habitants répartis dans quatre hameaux proches les uns des autres. Gamni est réputé pour ses guérisseurs traditionnels « redresseurs de bossus ». En août 2010, nous y avons rencontré un malade venu de Bamako, situé à 900 kilomètres de là, pour se faire soigner. Quand il était arrivé, ses jambes ne le portaient plus, il ne sentait plus ses pieds et ses bras étaient quasiment paralysés. Après deux mois de soins, il se tenait debout seul, appuyé sur une canne ; et il était rayonnant, certain qu’il allait pouvoir bientôt marcher à nouveau.
La vie est particulièrement difficile pour les habitants de Gamni. Les environs du village ne sont guère cultivables car ils sont parsemés de pierres et de rochers de toutes tailles. Les villageois doivent donc descendre dans la plaine pour cultiver leurs champs. Certains font l’aller-retour chaque jour, d’autres restent sur place, vivant dans des abris de fortune.
Pendant la saison sèche, beaucoup de villageois travaillent le coton : les femmes filent et font la teinture tandis qu’une centaine d’hommes font le tissage. Cette activité, peu lucrative, est délaissée par les plus jeunes qui quittent le village après les récoltes pour aller travailler au loin, à Bamako pour la plupart d’entre eux.
Les femmes jouent un rôle essentiel dans la vie économique et sociale de la société malienne. Depuis très longtemps, elles sont organisées en groupements coopératifs d’entraide. La caisse de ces associations est utilisée pour diverses dépenses d’intérêt général. Elle sert aussi de caisse de solidarité, en cas de maladie grave par exemple. Enfin, elle permet aussi de faire des prêts avec intérêts aux membres de l’association qui peuvent ainsi gagner de l’argent, par exemple en achetant du coton pour le filer ou en faisant du commerce de détail. Chaque femme mariée doit en effet, dans la société rurale malienne, prendre elle-même en charge nombre de dépenses de la famille : vêtements, médicaments, fournitures scolaires, etc…
Depuis 2006, notre association a consenti dix-huit microcrédits à des associations de femmes de la région de Douentza au Mali. Le principe en est le suivant : les prêts sont faits sans intérêts mais nous demandons en contrepartie que les intérêts versés par les femmes qui empruntent à la caisse de leur association soient capitalisés afin de nous rembourser, ce qui permet à l’association des femmes de constituer progressivement des fonds propres.