Réalisé fin 2008-début 2009.
Pangasol est un village de 500 habitants du plateau dogon situé à une heure et quart de marche de Guénébana.
Les villageois nous ont contactés pour la première fois en 2004 ; ils nous ont demandé notre aide dans un projet auquel ils travaillaient déjà depuis de nombreuses années avec les villages voisins de Panganim et Pangana : la construction d’une piste carrossable qui désenclaverait leur zone inaccessible aux véhicules. Nous n’avons pu leur répondre positivement vu l’ampleur d’un tel chantier qui dépasse nos capacités techniques et financières ; mais nous avons alors été très impressionnés par le courage de ces villageois : notre refus en effet ne les a nullement découragés et ils continuent inlassablement les travaux, cassant les rochers avec leurs barres à mine et leur poudre à fusil !
Les habitants de Pangasol nous ont recontactés en 2007 pour nous demander de les aider à construire un barrage dans le lit d’un cours d’eau temporaire. Le projet a été voté à notre assemblée générale du 10 octobre 2008 et les travaux ont été exécutés fin 2008 - début 2009 pour un coût de 9 600 euros.
L’ouvrage est imposant : il atteint six mètres dans sa plus grande hauteur sur une quarantaine de mètres de large à son sommet. Sa réalisation a demandé un travail considérable aux hommes du village. Seize tonnes de ciment, soit 320 sacs de 50 kg, ont dû être transportés à dos d’homme depuis le pied de la falaise jusqu’au chantier, trajet qui demande presque une heure et demie à un bon marcheur qui n’est pas chargé. 250 fers à béton et 80 planches ont également suivi le même chemin.
Sa « mise en eau » s’est faite en juin 2009 avec le premier orage de la saison des pluies. Lors de notre visite sur place début août 2009, nous avons pu constater « de visu » l’impact de ce barrage qui a créé une retenue d’eau qui s’étend sur plusieurs kilomètres en amont.
Les objectifs visés ont été atteints et même dépassés. Le niveau de la nappe phréatique en amont du barrage a beaucoup monté. Les villageois puisent l’eau nécessaire à leur consommation dans une faille rocheuse d’une quinzaine de mètres de profondeur et le niveau était tel, lors de notre visite fin février 2010, qu’ils prévoyaient que la réserve serait suffisante jusqu’à la prochaine saison des pluies alors qu’elle s’épuisait en mars avant la construction du barrage.
En avril 2010, le barrage a été crépi et la fuite latérale qui avait été repérée par les villageois a été colmatée pour un coûr de 1 200 euros.
Les villageois nous ont réservé en février dernier un accueil tout aussi chaleureux que l’an passé : des petits groupes nous attendaient, des coups de fusil retentissaient, tout le long de notre marche de Guénébana à Pangasol et ce sont des centaines de personnes qui nous accompagnaient lors de notre arrivée au village.
Le chef avait fait préparer, comme il nous l’avait promis, de la bière de mil, excellente et bien désaltérante après deux heures de marche par une température qui, malgré l’heure encore matinale, avoisinait les 40 degrés. L’après-midi, nous avons de nouveau eu le plaisir d’assister à la « danse des gerbes ».
Nous avons ensuite repris la route malgré l’insistance des villageois qui souhaitaient nous voir passer la nuit sur place. De nombreux habitants du village voisin de Pangana nous accompagnaient pour nous montrer le site où ils voudraient, eux aussi, construire un barrage avec notre soutien financier. Ils avaient déjà sollicité notre aide en 2004 pour ce projet et le succès du barrage de Pangasol les a conduits à réactiver leur demande. Ils ont d’ailleurs bénéficié de ses retombées positives car le niveau de la nappe a également monté en aval du barrage. « Pour la première fois,depuis cent ans », pour reprendre les paroles d’un habitant de Pangana, de l’eau s’est accumulée dans plusieurs failles rocheuses, ce qui a permis la mise en culture de quelques jardins maraîchers.
Barrage de Pangasol
Prises de vue et montage : Serge FOURNY